
Un Blink-182 sans Mark Hoppus ?
Voilà une phrase en peu courte et sans doute un peu trop caricaturale pour décrire avec exactitude le potentiel Pop Punk, feelgood et tubesque de ce nouvel album de Machine Gun Kelly. Elle capture pourtant parfaitement l’esprit de Tickets To My Downfall , sans en dénaturer l’intention ni la qualité, car celle-ci est bien au rendez-vous.
La recette Pop-Punk selon Blink, longtemps copiée, rarement égalée, souvent fade, se trouve ici assez savoureuse. On peut dire que Colson Baker est déjà parti sur une valeur sûre en reprenant un des éléments clés de cette réussite : Travis Barker, batteur réputé pour sa vitesse de jeu impressionnante et son énergie débordante.
On retrouve également des paroles qui parleront à tous les « anciens » Emo et Pop Punk kids (même s’il ne s’agit pas d’une phase et qu’on sait tous que toi aussi tu écoutes encore Simple Plan et My Chemical Romance en versant ta petite larme digne). Si les chansons identiques peuvent semblées s’enchaîner à nous faire perdre un peu le fil (on appréciera d’avantage une écoute segmentée), Machine Gun Kelly nous rappelle l’essence même du genre : une énergie débordante qui donne envie de jeter ses problèmes dans le pit et à les démolir à coups de high kicks.
La trilogie Kiss Kiss, Drunk Face et Bloody Valentine, aux paroles simples qui restent en tête et au rythme fou, sont jouissives pour ce côté loser kid et facilité Pop Punk assumés. On imagine parfaitement ces titres en live et on se rêve déjà à passer tout simplement du bon temps entre amis.
Colson l’a avoué à plusieurs reprises en interviews : il veut se faire plaisir avec cet album, n’en déplaise aux détraqueurs de son changement de style. Vous voulez un ticket pour assister à sa chute ? Ne bougez pas il vous en offre un et se moque radicalement de votre opinons.
Tickets To My Downfall, un album fun et sincère
Alors que certains artistes étendent leurs univers musicales par curiosité comme un pèlerinage musical visant à s’élever artistiquement ou à avoir une sorte de révélation, ou que d’autres cherchent tout simplement à suivre la tendance pour marquer les esprits, Machine Gun Kelly fait preuve d’une grande sincérité. Tickets To My Downfall lui fait prendre du bon temps mais il met du cœur à l’ouvrage. Qui a dit qu’être authentique rimé avec chiant à mourir ? Voilà maintenant deux adjectifs qui résume assez bien cette œuvre: fun et sincère.
MGK a déclaré lors d’une récente interview pour un magazine britannique suivre ses envies que ce soit en terme de Rap ou de Rock. On ne pourrait difficilement remettre en cause sa sincérité face à ses anciennes collaborations rock comme avec des artistes tels que Kellin Quinn de Sleeping With Sirens, sa participation à de nombreux grands festivals comme Reading ou son interprétation de Tommy Lee dans le biopic de Mötley Crüe, The Dirt.
Des featurings qui résonnent comme une fête entre de bons vieux amis
Pour Tickets To My Downfall, Colson a été piocher dans son carnet d’adresses personnel pour réaliser des duos qui étaient très attendus, aussi bien de notre côté que du leur. Halsey a ainsi dévoilé cette nuit être heureuse d’avoir enfin pu réaliser ce featuring après 7 ans d’attente. Forget Me Too était l’une de chansons les plus attendues de l’album et elle ne déçoit pas ! Quel plaisir de retrouver Halsey dans une univers beaucoup plus Rock et de l’entendre décrocher les high notes. Autre duo qui convint en ramenant vers un mélange des styles : My Ex’s Best Friend avec Blackbear.
Un album qui gagne en émotion en deuxième partie
L’album semble basculé dans une toute nouvelle dimension avec Lonely, une chanson difficile sur le deuil et le poid de la solitude soudaine. Colson qui a perdu son papa cet été, exprime avec ce titre une fragilité brute. Cette fois on ne dissimule plus des thèmes grave derrière une musique joyeuse, on ne se défoule pas dans le pit, on y va en douceur et se dévoile presque à nu. On peut par ailleurs entendre son père à la fin de la chanson quelques jours avant son décès. Désolé si on a cassé l’ambiance, promis WWIII va vous remettre d’aplomb. L’album s’enchaîne sur sans doute une des meilleures chansons de l’album. On regrette cependant sa courte durée : 59secs.
Alors le sujet d’une Amérique sous domination de Trump et qui se casse la figure, on aura vu plus réconfortant certes, cependant MGK représente merveilleusement bien cette génération qui refuse de se laisser marcher sur les pieds et refuse de baisser les bras. Le message très Punk de cette courte piste s’enchaîne sur la conversation téléphonique totalement barrée de Kevin and Barracuda annonçant Concert For Aliens et son clip so émo.
« S.O.S I’m fallling? My Life is a roller coaster… I feel too much »? On dirait que Machine Gun Kelly a décidément du Pop Punk qui coule dans ses veines : cette impression d’être bloqué à vie dans un roller coaster, de savoir qu’après chaque montée se cache une descente plus raide. Monter et redescendre ainsi de suite et profiter de la vue malgré la peur ou l’impuissance, car en fin de compte que pouvons nous faire d’autre ? A part si ce n’est continuer à vivre pour nous-même et ceux qui ne le peuvent plus ?
Autre titre bouleversant, écrit cette fois pour sa fille, Play This When I Gone. Radicalement différente des autres chansons de l’album par son style mais aussi son impact, cette chanson de clôture n’était visiblement pas initialement prévue sur l’album. L’artiste voulait tout simplement écrire une chanson à sa fille qu’elle pourrait écouter lors de ses absences, pour qu’elle n’oublie l’importance qu’elle a à ses yeux.
Elle est introduit par un autre message émouvant, celui de Banyan Tree qui se trouve être une discussion téléphonique assez belle et déchirante entre Colson et sa petite amie, Megan Fox. Autant on aura dansé sur tout l’album, autant les dernières chansons jouent sensiblement avec nos émotions.
Une main tendue au Pop Punk
Tickets To My Downfall, un album fun, sincère, libérateur, à l’esprit un brin émo, nous fait passer un moment agréable et nous donne envie de vite retourner nous défouler dans le pit. Bien loin de réinventer le genre, Colson Baker offre surtout avec cet album une meilleure visibilité au Punk (Pop Punk/ Punk Hardcore/ Punk Rock/ Post-Punk…). Il braque à nouveaux les projecteurs sur une scène de plus en plus boudée des médias et du grand public mais qui est tout sauf morte.
Il est bien loin le temps où toutes comédies teenage dignes de ce nom avaient au moins une chanson de Sum 41 ou de Simple Plan dans leur B.O, où les visages de Gerard Way et Pete Wentz faisaient les couvertures de tous les magazines et où les radios se battaient pour passer du Green Day. Les passionnés de musique seront cependant qu’un arrêt d’effet de mode ne signifie pas la mort d’un genre musical. Il faut simplement être plus curieux, savoir où chercher et ne pas avoir peur d’aller à contre-courant. Grâce à la notoriété de Colson et à sa prise de risques, la donne pourrait recommencée à changer. Qui sait, peut-être que son album introduira de nouvelles recrues au genre et que cela les poussera à découvrir des artistes comme Neck Deep, Bearings, Knuckle Puck, Stand Atlantic ou encore les très bon Yours Truly, qui viennent tous de sortir un nouvel opus. Ça sera surtout l’occasion d’emmener en tournée des artistes de la scène et nous sommes curieux de voir qui se verraient recevoir le ticket d’or.

Tu es pressé et tu as besoin d’une écoute orienté ?
Voici un petit résumé de nos coups de cœur :
WWIII, le bijou inexploité de l’album que l’on aurait aimé plus long
L’enchainement My Ex’s Best Friend et Jawbreaker
Le triptyque Pop Punk par excellence que l’on veut entendre en live: Kiss Kiss, Drunk Face et Bloody Valentine
Le duo Forget Me Too
Les touchantes et très personnelles Lonely et Play This When I Gone à écouter avec la boîte de kleenex
Si vous cherchez Why Are You Here, et bien il s’agit de la grande absente de l’album. Ce titre sorti en décembre dernier ne semble pas avoir survécu à la sélection des titres.
Retrouve l’intégralité de l’album lors d’un livestream événement le 1er octobre. Machine Gun Kelly réalisera un 2ème stream le 8 octobre dédié cette fois à Hotel Diablo.