En 2010, Anesthetize sortait et Porcupine Tree nous offrait leur dernier album studio avant un long silence radio. Depuis, le groupe a été assez discret et chacun à préférer consacrer son temps à développer ses projets solos. Steven Wilson et Richard Barbieri reviennent cette semaine avec un nouvel opus de qualité, Closure/Continuation. Un nom bien mystérieux pour annoncer un album plutôt différent. Sont-ils de retour pour de bon ? Nous avons rencontré les garçons à Paris le mois dernier afin d’essayer de répondre à cette question et de capturer l’essence de ce nouvel opus.

Depuis quand travaillez vous sur votre retour ? Comment avez-vous décidez de vous remettre à travailler ensemble ?
Richard: Steven a commencé à travailler avec Gavin (Harrison, batteur) en 2012. On aimait simplement faire de la musique ensemble. Il n’y avait pas de guitare. Ils ont commencé à écrire ensemble juste une basse. Donc, ça apportait une énergie assez différente. Ils ont travaillé ensemble dans une salle. Il y a plus de musicalité entre ces deux là qu’entre lui et moi. Entre nous, on parle plus de design, d’atmosphère, d’émotion, on essaie de raconter une histoire.
Mais vous n’avez que récemment décider de vraiment vous remettre ensemble…
Richard: On composait les uns pour les autres. C’était assez excitant mais en fait, on retrouvé beaucoup de Porcupine Tree dans ce qu’on faisait. Il n’y a avait pas d’autres musiciens, pas d’orchestration, d’invités ou autres, c’était juste nous trois, qui produisions, arrangeons. C’est devenu évident quand on écoutait nos chansons, nous faisions du Porcupine Tree.
Steven: Je pense que le confinement a un peu pris tout le monde au dépourvu. Tou d’un coup, je me suis retrouvé avec tout ce temps libre. Une des premières choses que je me dite c’est « Ok, finissons toutes ses chansons que nous avons développé ces 7 dernières années ». Donc j’ai pris mon téléphone et après une longue promenade dans les bois à les réécouter, je suis revenu et j’ai su que je devais recontacter les gars car nous avions quelque chose de spéciale. Sans le confinement, nous n’en serions sans doute pas là aujourd’hui car ça nous a permis d’avoir plus de temps à consacrer à ce travail inachevé.
Quel a été votre plus gros challenge sur cet album ? Peut-être en terme d’écriture ou de compo…
Steven: Le plus gros challenge était de revenir avec un album qui ne ressemblait en rien à ce que nous avions déjà fait. Je dis ça parce qu’en 2010, quand on a tout arrêté, on avait tous les deux l’impression de tourner en rond, et pour moi, ça c’est un red flag. Attention, Anesthetize était un bonne album mais il n’avait rien de nouveau. Ca sonnait comme le début de la fin. Cette fois, on voulait faire évoluer notre son tout en conservant l’essence de Porcupine Tree, on devait pouvoir nous reconnaître. Je pense que c’est ce qu’on a réussi à faire : tu peux instantanément dire que c’est du Porcupine Tree mais en même temps, ça sonne nouveau. Je ne sais pas si c’était un challenge mais en tous cas, c’était notre but. On a pris tellement de plaisir à faire cet album. J’étais plus détendu car normalement j’opère plutôt en solo et là j’avais l’impression de rejoindre une équipe. C’était bizarrement sans effort. Maintenant je peux juste être l’un des mecs du groupe. Même si notre son peut semblé dépressif ou plutôt sombre, il y a aussi beaucoup de joie dedans. On est un peu comme des mecs qui rejoignent un groupe et qui sont contents de jouer leur propre musique ensemble.
Quand on entend la première ligne de basse de l’album, on comprend tout de suite : en effet, l’album sera fun…
Steven: Tout à fait, et différent !

Les fans attendent votre retour depuis un moment, les attentes sont assez élevés. Vous ne ressentez pas une certaine pression à l’approche de la sortie de l’album ?
Richard: Pas du tout. C’est même la première fois de notre carrière qu’on en ressent aucune. Tous les deux, depuis qu’on est dans cette industrie, avons l’habitude de signer des contrats et de promettre des albums. Il y a toujours un nouvel album en option, un management qui nous dit quoi faire après… Donc en gros, on a toujours eu une certaine pression, des attentes. Mais cette fois, personne ne savait ce qu’on préparait. On a juste fait la musique que l’on aime faire. Si on aimait pas, alors on pouvait toujours mettre tout de côté et recommencer. On a travaillé de façon totalement libre. Et ça se voit rien que dans le titre de l’album (ndlr: Clôture/ Continuité). On n’aurait pas pu être moins prise de tête. Il peut représenter une fin ou alors la continuité, ça peut être les deux. Peu importe notre décision, on est gagnant.
Steven: Ca semble toujours horrible quand je dis ça et je ne veux vraiment pas que ça le soit mais… En fait, je m’en fiche de ce que les fans veulent ou attendent. Que je m’explique : je pense juste que tous les artistes devraient tous réagir comme ça. Ils ne devraient jamais penser à ce que les fans veulent ou attendent . Ca ne veut pas dure que je m’en fiche de mon audience, bien sûr que je me soucie d’eux, je serai vraiment heureux s’il aime cet album, mais dans les faits, ça ne ferait aucune différence. Si on sort cet album c’est qu’on pense qu’il est bon, qu’il nous plaît. Si on ne l’aimait pas, on ne le sortirait pas. Nous ne sommes pas ici pour satisfaire une demande. Je suis conscient des attentes, je les connais, mais je suis immunisé contre ce genre de chose. Vous savez quoi ? Je ne lis même pas les commentaires sur Internet, jamais.

Certaines chansons de cet album sont assez longues et les lyric videos assez visuelles, on dirait presque la bande son d’un film. Est-ce que le cinéma vous inspire ?
Steven: J’ai toujours aimé le cinéma. Quand tu écoutes nos chansons, ça fait un peu comme des scènes. Ce n’est pas juste le schéma habituel couplet/refrain/couplet. Quand tu regardes un film, tu as une scène joyeuse puis un événement vient tout chamboulé et l’émotion bascule. Tu n’as généralement pas ça dans la Pop. Une chanson Pop est soit heureuse ou triste mais ce qui est cool avec le Rock Progressif, ou peu importe comment tu appeles ça, c’est que dans une même chanson tu as différentes ambiances et scènes. Donc pour moi il y a toujours eu une analogie dans la façon que j’ai d’écrire et la façon que j’ai d’aimer le cinéma. J’ai aussi suivi cette vision dans ma représentation visuelle. Dans ma carrière solo, j’ai toujours accordé une grande importance aux vidéos. Avec cet album, on a voulu créer un visuel pour fort pour les concerts et on compte réaliser une vidéo pour chacune de nos chansons.
Vous pourrez expérimenter cet album en live lors de la prochaine tournée de Porcupine Tree en novembre prochain :
